L’oenographilie : collection d’étiquettes
Un peu d’histoire
Au cours du XVIIIème siècle, les premières étiquettes de bouteilles de vin ont vu le jour. Leur apparition est liée à la généralisation de l’utilisation de bouteilles et de la mise en bouteille dans les plus grands domaines. La première cuvée identifiée est celle de Dom Pérignon, dont l'étiquette porte le millésime 1811. Notons que la production d’étiquettes a été largement facilitée par la lithographie (technique qui découle de l'imprimerie).
Durant quelques décennies, et ce jusqu’au début du XIXème siècle, les présentations des étiquettes étaient, pour certaines, fantaisistes et trompeuses, tantôt “Vin préféré du tsar” ou “Vin guérisseur”. Parfois trop, à tel point qu’en 1935, une répression des fraudes fut instaurée. En, effet, c’est avec la création de l’INAO (Institut National des Appellations d'Origine) par le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié, vigneron à Châteauneuf-du-Pape, que le principe émergea. Pour en savoir plus sur les appellations, vous pouvez consulter notre article sur les appellations. Le but étant de restreindre le nombre d’informations qui pourraient figurer sur les étiquettes des bouteilles. Par la suite, les artistes plus talentueux les uns que les autres se sont succédés pour parfaire et décorer les plus beaux millésimes de l’époque contemporaine.
Encore aujourd’hui, l’étiquette sert véritablement de carte d’identité du vin. Il est possible d’y faire figurer jusqu’à 18 mentions obligatoires ou facultatives.
Des étiquettes remarquables
En termes de représentations sur les étiquettes, il y en a pour tous les goûts ! Que ce soient des espèces animales, des plantes, des fleurs, des paysages, des représentations de châteaux, des cartes régionales, des oeuvres d’art… Bref, tout est envisageable.
Certains collectionneurs auront des collections spécifiques par thème comme, par exemple, le fait d’obtenir toutes les étiquettes de la région Bourgogne ou encore, toutes les représentations possibles d’animaux.
Peut-être avez-vous, cher lecteur, de bonnes bouteilles dont vous aimeriez conserver les étiquettes car elles ont une signification particulière à vos yeux ? Pour ce faire, tout dépend de l’étiquette et du type de colle en question. Est-ce un papier collé ou une étiquette auto-adhésive?
Dans le cas d’un papier collé (de moins en moins courant), laissez tremper la bouteille dans l’eau pendant 5 à 10 minutes. Répétez l’opération dans l’eau chaude si l’étiquette est récalcitrante. Si c’est une étiquette auto-adhésive, placez la bouteille dans un four à plus de cent degrés pendant 4 minutes. La colle va alors se ramollir et l’étiquette devrait s’enlever à l’aide d’un cutter adapté. Pour votre sécurité, prenez un gant de protection, je ne voudrais pas être tenu responsable de brûlures fortuites ! Pour en savoir plus, référez vous à https://www.chateauloisel.com/xtra/decollage.htm.
Avant de parler d’une autre collection, laissez-moi vous présenter quelques étiquettes dessinées par les plus grands artistes :
Jean Carlu (cubiste) pour la maison Mouton-Rothschild en 1924. Première étiquette d’une grande série puisqu’à partir de cette date, le Baron demandera chaque année à un artiste d’orner l’étiquette du Château Monton-Rothschild
La placomusophilie : collectionner des capsules de Champagne
La placomusophilie est le fait de collectionner les plaques de muselet. Mais qu’est-ce qu’une plaque de muselet me direz-vous ? c’est la plaque métallique ronde, située au sommet du bouchon d'une boisson effervescente. Elle protège le bouchon des fils métalliques qui retiennent le tout.
Encore un peu d’histoire
A l’origine, cette petite plaque a vu le jour en 1844 grâce à M. Adolphe Jacquesson. Ce dernier eut l’idée de proposer un système imperméable qui fixerait le bouchon. Le système était révolutionnaire car, jadis, les bouteilles de champagne étaient bouchées par un morceau de bois enveloppé de chanvre et de lin sur lesquels on appliquait de la cire pour cacheter l’ensemble. Par la suite, les producteurs ont utilisé des bouchons en liège mais là encore la technique présentait un défaut. En effet, il était fréquent d’entendre des bouchons être éjectés à cause du gaz en pression !
Un objet convoité
Pour une grande proportion, les placomusophiles sont réputés pour collectionner des capsules de bouteilles de champagne, bien que les autres boissons (mousseux, crémant, bière, etc.) soient à l’honneur chez certains d’entre eux.
La plupart des plaques de muselet des champagnes sont décorées. Il y figure, par exemple, le nom du vigneron, des couleurs en tout genre, de belles présentations et parfois, de petites histoires sont racontées sur l’autre face métallique.
Afin d’entreposer leurs plaques de muselet, les collectionneurs ont généralement recours à des vitrines ou des tiroirs (tels celui ci-dessous). On ne blague pas avec les bijoux...
Il existe d’ailleurs un répertoire des plaques de Muselets de Champagne. Le dernier tome de l’édition Lambert est sortie cette année, en 2020. Cet ouvrage incontournable des collectionneurs de capsules recense la grande majorité des plaques existantes. Il est devenu un outil indispensable pour chaque placomusophile. On y trouve un classement par ordre alphabétique avec un descriptif des principaux coloris, des différentes variantes et un système de cotation.
D’après les estimations il existerait plus de 40 000 exemplaires uniques ! Les chiffres grimpent très vites car certains producteurs n’hésitent pas à changer de modèles tous les ans.
Parfois vieilles d’un siècle, certaines plaques de muselets peuvent atteindre des prix à plus de 3000 euros à la revente ! C’est d’ailleurs le cas de la capsule la plus rare au monde : la capsule de la maison Pol Roger 1923.
Sa rareté s’explique par le fait que tous les millésimes de cette année furent acheter par une des personnes les plus influentes à cette époque : Winston Churchill. Seules 3 capsules de cette collection sont en circulation, avec un prix avoisinant les 3500 euros (Source : www.lamaisonducollectionneur.fr).
Gare aux entourloupes, cependant, car certaines capsules n’ont jamais été mises sur les bouteilles et proviennent directement des stocks des producteurs…
Ces plaques ne sont plus seulement un outil de communication pour le producteur mais aussi un objet de personnalisation au même titre que l’étiquette. Il y en a pour tous les goûts.
Toutefois, on peut se demander si avec un tel engouement pour les plaques de muselets on n’en vient pas à en oublier le produit contenu dans la bouteille. Les producteurs changent de capsule très régulièrement pour susciter l’intérêt des collectionneurs. Il n’est pas rare de voir arriver des visiteurs qui se ruent sur les capsules et non sur le Champagne et l’intérêt gustatif qu’il offre.
Vous aurez peut-être un autre regard sur ces petites parures, la prochaine fois que vous ouvrirez une bouteille de champagne !
Le vin suscite donc l’intérêt de beaucoup de collectionneurs de bouteilles, d’étiquettes, de capsules mais aussi de caisses en bois et de bouchons. Ce n’est pas très étonnant car il a tous les critères de la bonne collection : de petits objets différents vendus par des marques emblématiques. La collection la plus répandue au monde concerne d’ailleurs une autre boisson : le Coca-Cola. Les capsules et étiquettes ont cet avantage en plus : elles permettent de prolonger un bon moment de dégustation et d’en garder le souvenir.